193ème jour – 9eme et dernière Partie
– Luther !!! me cria Erinye, en proie à l’incompréhension la plus totale
Mais je n’étais pas assez rapide. Le soldat état déjà arrivé devant la tente, et appelait son occupant.
– Messire ! Nous sommes attaqués ! Maître Basnain vous prie de venir aussi vite que possible ! Nous avons besoin de toute l’aide disponible !
Il fallait faire taire ce garçon. Je sortis ma dague, et une fois à sa hauteur, je la lui plantais dans le dos, cassant quelques mailles de son armure au passage. Surpris par cette attaque qu’il n’avait pas vu venir, il lâcha un hoquet de douleur, puis s’effondra au sol. Sa blessure, je le savais, serait mortelle. C’était Telynoar qui m’avait appris cette technique. Non sans difficulté d’ailleurs. « Même si t’es plutôt un jeteur de sort, ce coup là te seras toujours utile. Plante ta dague dans le dos, au niveau du cœur, et à fais de la bouillie autant que tu peux. Moins la blessure sera propre, plus elle sera difficile à soigner. Si tu as l’effet de surprise, c’est pratiquement imparable » m’avait-elle dit. Et c’était effectivement d’une efficacité redoutable. Même si j’étais loin de posséder la dextérité et la rapidité des voleurs, cette technique restait suffisamment simple pour que je puisse l’utiliser. Le tout était de savoir où se situait le cœur, et de bien viser.
– Fais de beaux rêves, « Elioth ». Puisse ta nuit être éternelle. Dis-je doucement à l’attention du jeune soldat agonisant.
Cette prière réprouvée était censée encourager l’âme à trouver le repos, loin de la malédiction de la non-mort. Je l’aimais bien, sans trop savoir pourquoi. Peut-être à cause de son anormale bienveillance, venant des monstres que nous sommes…
Puis une voix s’éleva de l’intérieur de la tente, et mon cœur se remit à battre quelques secondes, sous le coup de l’émotion, avant de se rappeler qu’il avait pris sa retraite anticipée depuis longtemps déjà. Cette voix, je l’avais reconnu instantanément. Elle n’avait presque pas changé. Un peu plus fatiguée peut-être ? En l’entendant, une partie de mon passé ressurgit. Une partie de ma VIE ressurgit.
– Ce n’est pas une heure pour se faire attaquer, grogna la voix, puis un peu plus fort : J’arrive ! Une minute !
Je restais devant la tente, sans bouger, incertain sur la démarche à suivre, le corps ensanglanté du jeune soldat à mes pieds. Puis, tout en parlant, l’homme sortit de sa tente.
– J’espère au moins que ce n’est pas une de vos blagues, Basnain ! Vous savez parfaitement à quel point il m’est difficile de me rendormir une fois réveil-
Puis il s’interrompit, au milieu de sa phrase. Il était sorti, et nous étions face à face, les yeux dans les yeux, incapables de détacher le regard l’un de l’autre. Il n’y avait pas de peur dans son expression. Plutôt… de la surprise, mêlée d’incrédulité. De mon côté, j’étais bien incapable de savoir ce qu’affichait mon visage. Il ne dut s’écouler que quelques secondes, mais cet instant me parut être une éternité. J’eus l’impression qu’en dehors de nous deux, le monde avait cessé d’exister.
Puis le monde réclama à nouveau son droit d’être, et il le fit sous la forme d’un cri. Celui d’un jeune humain.
– Elioth !!! Cria-t-il
Mécaniquement, l’homme de la tente et moi tournèrent la tête vers le soldat qui avait crié. Il n’était pas seul. Un autre jeune soldat était à ses côtés, l’épée à la main. Je reconnus les deux amis d’Elioth. Leurs noms avaient été prononcés au feu de camp… Ma cervelle embrumée retrouva l’information qu’elle cherchait. Voyons voir… Trois jeunes soldats. Il y avait d’abord Elioth, qui rêvait simplement de paix, et gisait à présent dans son propre sang. Il y avait ensuite celui qui venait de crier : Natan, qui voulait devenir plus fort pour protéger ses camarades, mais qui semblait pour l’instant paralysé par la peur. Et par élimination, celui qui avait déjà dégainé était Jyacynthe. Les autres s’étaient moqués de son nom, qui était celui d’une fleur. Le prénom que sa défunte mère avait choisi… et lui n’avait qu’un but : se venger du Fléau par tous les moyens.
Natan, les yeux embués de larmes, sorti l’épée de son fourreau à son tour, puis les deux soldats chargèrent vers moi. Mais j’étais encore en partie en transe, et je les regardais venir sans rien faire. Une détonation retentit, qui me remis complètement les pieds sur terre : pendant sa charge, Jyacynthe venait d’être touché à l’épaule, et poussa un cri sous la douleur. Le fusil de Torfarlak était encore fumant. Risquant tout pour me sauver, lui et Erinye s’exposaient à leur tour.
Profitant de l’effet de surprise, la prêtresse réprouvée se concentra quelques secondes, puis envoya un choc mental très puissant sur le jeune soldat déjà blessé. Le pauvre ne s’était pas préparé à cela, et subit le sort de plein fouet : sujet à une migraine aussi douloureuse que foudroyante, équivalente à un coup de masse donné depuis l’intérieur du crâne, il s’évanouit sur le coup.
Puis, se tournant vers moi, Erinye me hurla dessus, furieuse :
– On peut savoir à quoi tu joues ?! Tu arrêtes de faire ton Drio tout de suite, sinon tu es le prochain sur la liste !
Mais voir ses camarades tomber l’un après l’autres plongera le jeune Natan dans une rage sanguinaire, et, l’épée à la main, il chargea Erinye.
Torfarlak dégaina, et voulut l’intercepter, quand il se transforma subitement en mouton. Je mis une seconde à comprendre puis me retourna vers l’homme qui était sorti de la tente. Il avait le bras tendu. Je l’avais oublié à ce moment, mais c’était un mage ! Et un mage puissant qui plus est. La situation n’était pas en notre faveur. Il allait s’apprêter à jeter un autre sort, contre Erinye probablement, mais je fus plus rapide que lui et le contraint magiquement au silence. Sa voix mourut dans sa bouche, et les étincelles de magie qui crépitaient autour de lui disparurent. Il était inoffensif, mais ça ne durerait pas.
Pendant ce temps, Erinye essuyait les coups de Natan qui était arrivé à sa hauteur. Elle se protégeait par un sort de bouclier, mais l’autre s’acharnait dessus avec une telle rage qu’il commençait déjà à se fissurer. Puis il éclata. La prêtresse ripostait avec tout ce qu’elle avait : attaques mentales, mots d’ombre provoquant la douleur, mais rien n’y faisait. Elle continuait de reculer pour éviter les coups. Puis elle leva le bras, et un rayon bleu partit de sa main, à la recherche de la tête de Natan, pour la surcharger de douleur.
Mais l’humain s’était protégé juste à temps avec son bouclier. Malgré la puissance du « Fouet Mental » d’Erinye, il continuait d’avancer vers elle, inexorablement. Quand elle fut dos au mur, et trop épuisée pour maintenir son attaque, l’humain saisit l’ouverture, et d’un seul coup d’épée bien placé, il la décapita.
La tête d’Erinye roula sur quelques mètres, et son corps s’effondra sur lui-même, tel le tas de chair morte qu’il était dans le fond..
L’humain était hors de portée de mes sorts, mais j’avais d’autres options pour le combattre de loin. Plongeant la main dans une de mes sacoches, j’en sortis un objet sphérique, alluma la mèche courte, et le lança de toutes mes forces en direction de Natan. J’étais assez précis pour ça, et la grenade de classe « Mastoque » que Tely m’avait fabriqué explosa lors de l’impact, à quelques pas du soldat. Le jeune homme fut projeté par le souffle de l’explosion, et s’assomma contre des pierres lorsqu’il retomba.
L’ingénierie des gobelins n’est décidément pas à prendre à la légère. En terme de bombes, ils sont vraiment inégalables.
En espérant qu’il soit encore temps, je me mis à courir en direction d’Erinye, mais la voix du mage m’arrêta tout de suite :
– Pas si vite, mort-vivant !
Je me retournais, prêt à l’attaquer avec un sort, mais cette fois c’est lui qui fut le plus rapide, et par un tour de passe-passe dont seuls les mages ont le secret, il brisa mon lien avec l’ombre, m’empêchant d’utiliser mon arsenal magique.
– Vous n’êtes pas le seul à pouvoir réduire à l’impuissance votre adversaire, me déclara-t-il d’un air grave.
Puis il ferma les yeux et commença une incantation. Je jetais un coup d’œil rapide au reste du groupe. Erynie n’était plus qu’un tas de chair inerte, en décomposition déjà avancée. Torfarlak continuait à brouter l’herbe sous sa forme d’ovidé, indifférent au monde qu’il l’entourait. Et Modig était bien trop loin pour pouvoir me venir en aide. En un mot, il allait falloir que je m’en sorte tout seul.
Des flammèches naissaient dans les mains du mage. Il les façonnait, et telle une sculpture vivante, les flammes prenaient petit à petit la forme d’une sphère tourbillonnante. Une sphère qui grossissait à vue d’œil au point d’en devenir inquiétante. Ou bien il était devenu amateur de son et lumière avec l’âge, ou bien il se préparait à m’envoyer une météorite de feu dans la tête. Ce qui serait sans doute très douloureux. Heureusement pour moi, il pêchait par excès de confiance. Ce qui lui ressemblait bien d’ailleurs, comme quoi, il n’avait pas du beaucoup changer.
Car me considérer comme était inoffensif tenait de la bêtise crasse. Certes, j’étais coupé de l’ombre pour l’instant, et il aurait fini son incantation de feu avant que le contre sort ne se dissipe. Mais étais-ce avec un sort que je m’étais débarrassé de deux soldats ? Je ne crois pas.
Bien sûr, le coup de dague ne fonctionnerait pas contre lui. Mais j’étais plein de ressources. Et pendant qu’il n’y faisait pas attention, je plongeais ma main décharnée dans une des sacoches de ma ceinture. Ce n’était pas un explosif que je cherchais cette fois. C’était tout autre chose. Mes doigts habitués trouvèrent bientôt l’objet en question.
Fixant le mage dans les yeux, je me tenais prêt à activer mon réflect-o-flamme pour le moment où la boule de feu s’échapperait de ses mains et me foncerait dessus. Lui qui n’avait jamais rien compris à l’ingénierie allait avoir une belle surprise. Enfin, à condition que ça fonctionne… comme dans toute invention, il y avait une possibilité d’échec. Restait à espérer que la chance soit de mon côté ce coup ci.
L’incantation était presque terminée… Bruler vif, ou réussir à renvoyer le météore. Tout allait se jouer dans quelques secondes. Ma victoire, ou la sienne, il n’y aurait pas d’autre possibilité.
« Schblam ! »
Ou peut-être bien que si finalement.
Le mage rouvrit les yeux et la bouche, surpris, cherchant dans mon regard une réponse à ce qui venait de lu arriver. Mais j’étais aussi surpris que lui, au point que ma main lâcha le réflecteur. Puis, incapable de tenir debout, il s’écroula sur le sol sans avoir compris ce qu’il s’était passé.
Et je vis Syanna, le bâton encore tendu en avant, juste à l’endroit où se trouvait la tête du mage quelques secondes auparavant. Elle était un peu essoufflée, mais pris sa respiration et me souris :
– J’arrive juste à temps on dirait, hein ?
J’étais à la fois content, surpris, et frustré de la voir. Maintenant je ne saurais jamais si mon réflect-o-flamme aurait fonctionné contre la boule de feu… Mais bon, dans l’ensemble, j’étais plutôt content quand même.
– Bon timing, en effet. Pourquoi tu n’es pas avec ton groupe ?
– J’ai entendu un coup de feu, donc j’ai préféré vérifier que tout allait bien. Où sont les autres ?
– Euh… Torf a été—
*Pouf*. Nous nous tournâmes dans la direction du bruit, qui se révélait être le même endroit où se trouvait Torfarlak. En fait, le pouf avait signalé la fin du sortilège de métamorphose. Torf était redevenu lui-même, et semblait ne pas comprendre pourquoi il était en train de brouter de l’herbe. Dans le doute, il finit se bouchée et avala avant de se relever. Je me corrigais donc envers Syanna :
– Torf est revenu à la normal on dirait. Modig, lui, est déjà parti. Et Eri… il faut s’occuper d’elle toute de suite, en espérant qu’il ne soit pas trop tard…
Syanna et moi coururent auprès des restes de la prêtresse.
La druidesse retrouva vite la tête, et la replaça à son emplacement naturel. Le corps était en bon état en fait. Les blessures qu’avait faites l’humain étaient propres. Et le corps n’était pas mélangé à trop d’éléments extérieurs, tels que de la terre ou du sable. Tout cela était assez prometteur au bout du compte.
– Normalement elle devrait être encore sauvable. Ca va me prendre un moment, mais je vais essayer de la ressusciter, annonçais-je
– Non, on a pas le temps. Me coupa Syanna. La diversion doit être finie maintenant. Les filles ont été obligées de battre en retraite, on ne pouvait pas tenir plus longtemps. Les gardes vont revenir ici dans quelques minutes.
– Tu préfères abandonner Erin alors ?
– Mais pas du tout ! s’indigna la druidesse. Je vais recoller les morceaux à ta place. Ca sera plus rapide.
Sur le coup je l’avais oublié, mais c’est vrai que les prêtres ne sont pas les seuls capables de ramener les individus fraîchement décédés à la vie. Dans de bonnes conditions, si le corps est intact, les shamans et les paladins en sont capables également. Cela dit, tant pour les prêtres que pour les deux autres castes, la résurrection est un processus long, et fastidieux. Les druides ont un moyen beaucoup plus rapides, en faisant appel à l’esprit de la nature lui-même, mais en contrepartie, ils ne peuvent le faire souvent.
Syanna ferma donc les yeux, et joignit ses mains. Elle les rouvrit les yeux deux secondes plus tard, tout en prononçant un mot en taurahe que je ne compris pas. Le corps d’Erinye fut entouré très brièvement d’un halo verdâtre, puis elle rouvrit les yeux.
– Ca va Erin ? lui demanda Syanna
La prêtresse se tourna vers la tauren, puis vers Torfarlak qui regardait ce qui se passait au loin, puis vers moi. Et avant que je n’aie eu le temps de réagir, elle m’envoya un directe du droit en plein visage. Le coup fut assez puissant pour me projeter de quelques mètres en arrière et me fissurer la mâchoire. Il faut dire que les morts-vivants ont une très grande force, puisqu’ils n’ont plus à se préoccuper de se déchirer des muscles au passage. Cela dit, sous le choc, les os de la main d’Erinye se brisèrent également.
– Erin ! Ménage ton corps ! Tu es encore fragile ! Tu reviens de loin…
– Je sais… souffla-t-elle avec difficulté. Mais ça soulage…
Elle me fixait avec un regard noir. J’avais probablement mérité ce coup, donc je ne fis aucune remarque. Syanna aida Erinye à se relever, et la mort-vivante se dirigea ensuite maladroitement vers le corps du jeune Elioth. Je devinais déjà la suite…
Elioth avait finalement eu de la chance de mourir vite de mon attaque. Au moins ne souffrit-il pas quand Erinye lui déchiqueta le thorax, et dévora son cœur, ainsi que le reste de ses entrailles. Torfarlak, qui n’avait probablement jamais assisté à ce genre de chose, vomit deux fois. Syanna détourna le regard, visiblement très mal à l’aise. Moi, ça me mit en appétit. Erinye regagnait en coordination et souplesse au fur et à mesure qu’elle se nourrissait.
– Eri… essaie de… « finir » rapidement. Il faut partir d’ici, on a très peu de temps. Parvint à articuler Syanna entre deux hoquets de dégoût.
– On emmène le mage avec nous, intervins-je.
– Et les deux autres jeunes aussi ! déclara Erinye, la voix plus gutturale et maléfique que jamais. Il ne faut pas le moindre témoin de notre passage, et j’ai un compte à régler avec l’un des deux.
Son ton était tel que nul ne dit le moindre mot. Torfarlak mit les corps de Natan et Jyacynthe sur son dos, puis lui et Syanna commencèrent à s’éloigner vers la sortie, trop heureux d’échapper au spectacle répugnant que leur offrait la mort-vivante. Je me dirigeais vers le mage, pour l’emmener avec nous. Lorsque je passa à côté d’Erinye, elle s’arrêta de manger, et me dit d’une voix douce, mais menaçante
– J’espère que ce type est important, Luther…
Je m’arrêtais, et lui répondit simplement
– Il l’est.
– Tu me devras une explication… continua-t-elle.
– Non. Répondis-je sans la moindre émotion dans ma voix.
Elle étouffa un petit rire jaune en m’entendant, incrédule. Puis, l’incrédulité fit place à la fureur.
– Tu provoques un fiasco digne de Drio, et tu as le culot de ne pas te justifier ?! Va mourir Luther ! cracha-t-elle
– C’est déjà fait. lui fis-je remarquer amèrement.
Comprenant qu’elle n’aurait pas ce qu’elle voulait, elle se remit à manger. Et moi je repris ma marche.
Arrivé au niveau du corps du mage, je l’observais quelques instants. Tant de souvenirs remontaient en surface… Mais la nostalgie serait pour plus tard. Alors que j’allais le saisir, il me repoussa de la main. J’étais surpris, mais apparemment, il n’était pas complètement assommé, et luttait pour ne pas s’évanouir.
J’approchais mon visage du sien. Il entrouvrit les yeux. Son regard était celui de quelqu’un qui ne lâchera pas prise. De quelqu’un qui veut vivre, et ne se rend pas. Je souris, tendis la main, et lui envoyais un léger choc mental. Sous le coup de l’attaque, il convulsa brièvement, puis s’évanouit pour de bon. Ses yeux se refermèrent, et son corps se détendit.
– Fais de beaux rêves, « Thomper »… et ne t’inquiètes pas. Je serai là, à ton réveil.
Puis je souris à nouveau, pris son corps sur mon dos, et nous sortîmes du Refuge de l’Ornière.
Incontestablement l’une des plus importantes journées de ma non-vie. Au total, nous n’avons pas du passer plus de vingt minutes dans le Refuge de l’Ornière, mais comme dans toute situation de stress, le temps m’a paru beaucoup plus long.
Après être sorti de l’avant poste de l’Alliance, juste à temps d’ailleurs, nous avons rejoins Modig au point de rencontre. Syanna et son groupe sont parties les premières pour s’assurer que la voie serait libre, ce qui nous a laissé tous les quatre à ramener les prisonniers, drogués et endormis, vers les Moulins de Tarren.
A cause de sa métamorphose, Torf n’a pas assisté à la mort d’Erinye, et n’a pas compris tout ce qu’il s’est passé. Eri, quant à elle, ne m’a toujours pas adressé la parole depuis que nous sommes sortis. Je suppose qu’elle est toujours furieuse contre moi. Et Modig me lance des regards suspicieux.
Je doute qu’il sache ce qu’il s’est passé, mais il a un bon instinct et il va sans doute se méfier de moi pour les jours à venir. Mais peu importe ce qu’ils peuvent bien penser de moi, et peu importe aussi la mission, car en cet instant, il n’y a que le mage qui aie de l’importance à mes yeux. Ce n’était que le début de nos retrouvailles, et j’avais vraiment hâte d’être à la suite…
——–
– Extraits du Journal de Luther, prêtre des ombres, au service de la Dame Noire.